Maillots de foot

Pourquoi les joueurs ne portent pas le numéro 24 dans le championnat brésilien ?

Publié le 17/01/2020

On pensait avoir déjà vu pas mal de choses en écrivant chaque jour sur l'actualité des équipements de foot, mais cette histoire de numéro 24 absent des effectifs des joueurs brésiliens est tout simplement ahurissante ...

Alors que le racisme fait des ravages dans les stades de foot du Monde entier chaque week-end, c’est au tour de l’homophobie d’être au coeur d’une histoire assez incroyable au Brésil. Car oui, la raison pour laquelle les joueurs brésiliens ne portent pas le numéro 24 est bel et bien l’homophobie !

« Jogo do Bicho » au coeur du scandale

Vous pouvez éplucher les différentes feuilles de matchs et scruter les effectifs de l’ensemble des clubs brésiliens, vous ne trouverez pas de joueurs avec le numéro 24, ou plutôt hormis Brenno Costa, aucun autre joueur de foot au Brésil ne porte le numéro 24. Troisième gardien du Gremio et seulement âgé de 20 ans, Brenno Costa apparait comme l’exception qui confirme la règle en ce qui concerne l’utilisation du numéro 24. Intérrogé par IG Esporte, le portier témoigne « Ce n’était pas mon choix d’avoir ce numéro, mais ils ne m’ont pas interdit non plus et m’ont dit de l’utiliser. Je ne vois aucun problème. C’était mon premier numéro donc ce sera marqué dans ma vie comme une bonne chose. Je ne vois donc aucun problème » . Mais pourquoi Brenno Costa devrait voir un problème dans le fait d’utiliser le numéro 24 ?

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Pour tenter de comprendre cela, il faut se tourné vers un jeu inventé en 1892, le « Jogo do Bicho » (le jeu de l’animal en français). Dans ce jeu, la carte numéro 24 est symbolisée par un cerf, « veado » en portugais. Jusqu’ici rien de très grave sauf que dans l’argo brésilien, « veado » est également une insulte pour désigner les hommes homosexuels. Porter le numéro 24 sur son maillot serait donc désormais associé au fait d’être homosexuel au Brésil ! Dans un pays où l’homophobie est malheureusement loin d’être un sujet tabou, cette association entre le numéro 24 et l’homosexualité a donc des répercussions jusqu’en dans le sport et les joueurs sont nombreux à refuser de le porter et seul le gardien du Gremio l’utilise tout au long de la saison tandis que les autres joueurs profitent de la possibilité de porter un numéro allant de 1 à 99 au Brésil pour éviter ce fameux numéro 24.

Obligé de le porter en Copa Libertadores…

Mais si la règle des numéros allant jusqu’à 99 est possible au Brésil, lorsqu’il s’agit de compétitions internationales, c’est une toute autre histoire. En effet, en Copa Libertadores par exemple, de nombreux joueurs ont dû troquer leurs numéros de championnat au profit du 24. C’est le cas par exemple de l’attaquant Carlos Eduardo de Palmeiras qui utilise habituellement le numéro 37 et qui doit se résoudre en Copa Libertadores à prendre le numéro 24 puisque la règlementation stipule que les numéros doivent aller de 1 à 30. C’est dans un cadre similaire que la question du numéro 24 ne se pose pas en sélection nationale du Brésil puisque les numéros vont de 1 à 23 …

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Pour Gustavo Andrada Bandeira, docteur en éducation et auteur d’un livre sur le racisme et la sexualité dans le football, « Le joueur est le représentant du fan, il doit jouer sur le terrain de la manière voulue par le fan. Et ce que le fan attend, ce n’est pas seulement la qualité technique, le but, la passe, le dribble … il veut aussi une représentation d’autres valeurs. Imaginez qu’il porte le 24  dans le dos, ce serait vraiment un manque de confiance et une virilité qui doit être prouvée de manière permanente aux yeux des fans » . Alors que l’homophopie tout comme le racisme sont officiellement devenus des crimes au Brésil en juin 2019, on espère que les joueurs pourront dorénavant porter le numéro 24 dans le dos sans connaitre les moqueries ou les insultes et que Brenno Costa sera le premier d’une longue série avec ce numéro qui deviendra peut-être un jour un numéro de révolte.

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