Liberté d’expression
L’art a toujours eu sa place dans le football et réciproquement, que ce soit les artistes du rectangle vert comme Juan Román Riquelme ou ceux du rectangle blanc comme l’était Pablo Picasso. Et si « la démarche est à la fois classique dans le sens où l’artiste est un sponsor du club au même titre que les sponsors maillots de n’importe quel club » comme le rappel Clément Tournus trésorier du petit club milanais, l’originalité de faire intervenir un artiste comme sponsor maillot tranche définitivement avec l’aspect marketé d’un sponsors classique. Alors que le club avait travaillé avec entre autre l’artiste français Régis Sénèque par le passé, ils ont cette fois été conquis par l’idée d’œuvrer avec l’artiste chinois Jiang Li. En effet le concept de faire appel à un artiste chinois n’est pas anodin au moment où les deux principaux clubs milanais sont passés sous pavillon chinois.
« Cela casse les codes à la fois de l’art et du football dans une forme de transgression. Nos supporters deviennent collectionneurs et les collectionneurs peuvent devenir supporters. »
Les sinogrammes imaginé par Jiang Li et représentant les valeurs de l’AS Velasca peuvent être mis en parallèle avec les sponsors des deux mastodontes milanais que sont Pirelli et Fly Emirates. Les enjeux économiques sont clairement différents mais la réflexion autour de l’esthétisme et de l’utilisation de l’espace sur un maillot est explicite. De plus l’association avec l’équipementier Le Coq Sportif est tout à fait cohérente avec les valeurs que le club souhaite transmettre. Lors des deux premières saisons les équipementiers Joma et Hummel s’était succéder pour s’associer au club, cependant les dirigeants souhaitent amener une certaine stabilité avec l’équipementier français en s’inscrivant « dans la durée puisque nous avons conclu un engagement pour plusieurs saisons ».
Un objet de convoitise
Comme l’expliquait Anthony sur Footpack en Janvier, le tirage réalisé en exemplaire limité des maillots, 150 pour le maillot domicile et autant pour le maillot extérieur, n’a pas été « une contrainte imposée de l’extérieur mais plutôt une conséquence directe du choix fort que nous avons fait. Comme le maillot n’est pas pour nous un bien de consommation mais une œuvre multiple, il doit être traité comme tel. » nous fait savoir Clément Tournus. Une fois de plus la prise de position sur le thème de la consommation de masse colle tout à fait à l’image que le club souhaite renvoyer. De plus le prix de vente de 44 euros est bien éloigné des 79 euros du maillot de l’A.S. Saint-Étienne ou même des 109 euros du maillot domicile de l’A.C. Fiorentina « cela alors même que le club se finance principalement à travers la vente de ces maillots ».
Si le maillot devient un véritable objet de collection il se pourrait bien que le reste de l’équipement le devienne également. En effet « cette saison, les shorts sont aussi mis à contribution puisque les numéros des joueurs ont été pensés et calligraphiés par Jiang Li. Outre les shorts, le brassard du capitaine mais aussi les protège-tibias ont été réalisés par des artistes. Cette saison, Alessandro Belussi, photographe, a réalisé des tirages argentiques directement sur les protège-tibias. » Le club a même lancé un projet en association avec Le Coq Sportif et l’artiste Zevs, qui avait occupé la place de sponsor maillot l’année passée, autour des chaussures des joueurs. Dernier défi pour les compléter une tenu 100% AS Velasca, les chaussettes devrait avoir droit à leur personnalisation également dans les saisons à venir.
L’art expose le club
Après avoir participé à une exposition lors de l’Euro 2016 à l’Espace Léon, le club a été convié à la cinquième édition du festival La Lucarne en 2017, sur fond d’élection présidentielle, afin d’exposer ses maillots et de communiquer une nouvelle sur ses valeurs fondatrices. En ce qui concerner les maillots de cette saison, leur présentation a été réalisé « dans la Skip Gallery, une benne à ordure anglaise transformée en galerie d’art. » tandis que « l’an passé, l’Espace O’ de Milan nous avait accueillis. » En cette fin de saison l’actualité du club est également chargée dans sa quête de développement artistique. Ainsi depuis le 30 Mai, et ce jusqu’au 23 Juin, le club occupe « l’Edicola Radetzky, un kiosque Liberty qui est devenu un lieu d’art incontournable à Milan ». En point d’orgue d’une saison 2017-18 enrichissante s’est tenu un match-œuvre le 9 Juin, véritable fresque d’un autre football, face à la Squadra Diaspora de Paolo Del Vecchio du côté de Metz au stade Dezavelle. Le début de saison prochaine s’annonce bouillant également avec une exposition à Londres dans les tuyau, affaire à suivre.
Déjà copié, jamais égalé
La différence entre inspiration et copie peut sembler assez floue par instant et l’AS Velasca est entrain d’en faire la joyeuse expérience. Alors que certains projets commencent à fleurir entre le football et l’art dans d’autres quartiers de Milan ou d’autre ville d’Europe, l’artiste Jiang Li a récemment découvert une authentique contrefaçon du maillot milanais dans l’Empire du Milieu. Le président de l’AS Velasca, Wolfgant Natlacen s’interroge sur cette « contrefaçon, détournement d’artistes ou pas, provocation … ? ». Dans tous les cas il est amusant de voir que le coq, signe distinctif de l’équipementier, a été remplacé par un chien en pleine année du chien en Chine. La réflexion que le président avait pu entretenir avec Jiang Li autour de la valeur entre l’authenticité et la copie prend finalement tout son sens alors qu’en « Asie la question entre la copie et l’authenticité ne se pose pas vraiment. C’est même souvent la copie qui est préférée ».
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