Sélectionneur de luxe pour la finale française du Nike Most Wanted, le 9 octobre dernier, Leonardo Jardim a bien voulu se confier à Footpack. L’entraîneur portugais de l’AS Monaco en a profité pour prodiguer des conseils aux jeunes joueurs qui rêvent d’être professionnels.
« Bonjour coach, merci de nous accueillir à la Turbie, le centre d’entraînement de l’AS Monaco. Tout d’abord, pourquoi avoir choisi très tôt le métier d’entraîneur plutôt que de poursuivre une carrière de joueur, même en amateur ?
(Il sourit). Je pense que j’ai été lucide quant à mon niveau de jeu en tant que joueur. J’ai vite su que j’avais une plus grande chance de faire une carrière professionnelle en tant qu’entraîneur plutôt qu’en tant que joueur.
Entraîner, est-ce une chose qui vous a toujours plu ?
Bien sûr, je pense que c’était ancré en moi. C’est pour cette raison que j’ai suivi des études à l’université autour du coaching. Entraîner au plus haut niveau a toujours été mon rêve.
Vous êtes réputé pour être un entraîneur-formateur. Quel est votre secret pour faire passer et faire comprendre vos messages aux jeunes joueurs ?
Aujourd’hui, je suis plus entraîneur que formateur même si c’est vrai que je travaille avec beaucoup de jeunes joueurs aujourd’hui. Les jeunes ont énormément de qualité mais ils manquent de régularité. J’essaye de leur apporter plus d’expérience au quotidien en leur donnant des conseils sur leur hygiène de vie par exemple. Il peut aussi m’arriver de les conseiller sur leurs choix sur le terrain et en dehors. L’écoute est très importante dans mon travail.
Justement, êtes-vous attaché à ce côté formateur ? Vous voyez-vous comme une sorte de professeur ?
Le foot et l’école ne sont pas si différents car dans les deux cas, on apprend des nouvelles choses tous les jours et on fait des erreurs que l’on doit corriger au quotidien car cela fait partie de l’apprentissage. Donc oui, mes jeunes joueurs sont un peu comme des élèves. A 18 ans, un joueur n’est pas encore prêt, mature. Il le sera avec l’expérience à 23 ans, 30 ans comme dans une autre profession. Mon rôle est aussi de le faire progresser en tant que footballeur et aussi en tant qu’homme.
Quels sont les avantages de travailler avec les jeunes joueurs ?
Les jeunes sont très créatifs et ont beaucoup d’envie, d’énergie, de folie. Mais ce qui caractérise un jeune, c’est aussi qu’il ne maîtrise pas toutes ces qualités citées qui peuvent vite se transformer en lacunes ou en casse-tête pour les entraîneurs. Mais ils ont également la faculté de progresser et corriger rapidement leurs défauts. J’ai une grosse satisfaction personnelle quand j’observe la transformation d’un jeune joueur en un excellent joueur de football.
Et quels sont les défauts récurrents chez les jeunes joueurs ?
En général, leur plus grand défaut est de parfois oublier que le foot est un sport collectif. Ils peuvent passer leur intérêt personnel avant le bien de l’équipe. Certains ne comprennent pas ou mal les efforts qu’il faut suivre au quotidien pour réussir. Par exemple, il n’est pas rare de voir des jeunes joueurs enchaîner 3-4 bons matches et se relâcher parce qu’ils pensent qu’ils ont fait le plus dur et sont déjà des stars. Mais c’est faux ! Un bon joueur doit être régulier et performant durant 6 mois puis une saison puis deux saisons, et ainsi de suite. Le foot, c’est de la remise en question perpétuelle et certains jeunes joueurs ont tendance à l’oublier.
Justement, pensez-vous que les jeunes joueurs devraient être moins intéressés par le dribble, par les beaux gestes et plus par la discipline tactique ?
La qualité individuelle c’est une chose, la maîtrise tactique en est une autre. Or, ces deux éléments sont primordiaux pour faire un bon joueur de foot. Ne me méprenez pas, la technique est très importante mais elle n’est rien sans une bonne condition physique, un mental fort et de la discipline tactique. Il ne faut pas qu’ils oublient ça.
Quels conseils pourriez-vous donner aux jeunes joueurs qui rêvent un jour de devenir professionnels ?
Je voudrais déjà leur dire qu’un joueur est généralement prêt et mature à partir de 23 ans. Avant, il est encore dans un processus d’apprentissage. Les jeunes joueurs ont donc du temps pour se développer et ils ne doivent pas penser qu’il est trop tard pour qu’ils progressent et atteignent un bon niveau.
Quelle est votre définition d’un bon joueur ?
Je vais reprendre ce que j’ai dit précédemment. Un bon joueur est un joueur avec une bonne mentalité, qui joue avant tout pour l’équipe, qui est technique mais qui a également un bon sens tactique. Un bon joueur est aussi capable de faire beaucoup de choses pour aider l’équipe à gagner. Je regarde toutes ces choses lorsque j’évalue un joueur.
Que pensez-vous de la Nike Academy ? Est-ce complémentaire aux centres de formations classiques ?
Avant cette édition du Nike Most Wanted, je ne connaissais pas du tout cette académie. C’est le cas à présent et je trouve qu’il s’agit d’un très beau projet. La Nike Academy donne une belle opportunité aux jeunes qui ne seraient pas passés par un centre de formation d’atteindre le haut niveau. Les infrastructures sont excellentes et tout est mis à disposition pour que les joueurs progressent vite. Je suis ravi qu’un projet comme celui-ci existe et je pense que c’est effectivement complémentaire aux centres de formation.
Pour finir, vous qui avez un style sobre et simple, que pensez-vous des couleurs flashies des chaussures de foot et même des maillots de foot d’aujourd’hui ?
Le plus important, c’est ce que font les joueurs avec leurs chaussures sur le terrain. Le choix des couleurs, c’est très personnel. Certains vont aimer les couleurs flashies, d’autres non. Ce qui compte, c’est la qualité des chaussures d’un point vue technique. Il faut que ça leur apporte le confort et les technologies pour qu’ils soient performants sur le terrain. Le style, la forme, les couleurs, je laisse aux joueurs le soin de les juger. (Rires). »
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