Équipementier de treize sélections lors de cette neuvième édition de la Coupe du Monde féminine 2023, Nike figure comme LA marque qui sera la plus représentée en Australie et en Nouvelle-Zélande.
À l’occasion de la présentation des tenues Nike des nations présentent au Mondial 2023, nous avons eu la chance d’échanger avec Charlotte Harris, Angelo Trofa et Lee Murphy, trois représentants de la marque américaine qui travaillent au plus près de la création de ces tenues spéciales. Au programme, réflexion autour des designs, innovation, storytelling, évolution du football féminin…
Comment s’est déroulée la réflexion autour des designs de ces maillots ?
Charlotte Harris : D’abord, pour cet événement spécial, nous avons chercher à travailler sur quelque chose de nouveau, tant au niveau de la coupe, qu’au niveau des matériaux utilisés. Ce que nous voulons dire par là, c’est que nous nous sommes focalisés sur l’athlète féminine en prenant en compte ses attentes et ses besoins pour qu’elle soit mise dans les meilleures conditions possible. Nous nous sommes donc concentrés sur la conception pour offrir aux joueuses une tenue adaptée pour elles.
De plus, notre toute nouvelle innovation en matière de matériaux est orientée vers la mobilité et la respirabilité. Et bien sûr, tout est axé sur la durabilité, ce qui est très important pour nous et nos athlètes.
Combien de personnes environ sont impliquées dans le processus de création d’un maillot ?
Lee Murphy : Ce que je peux dire c’est que c’est une grande équipe. Dès le départ, nous prenons beaucoup d’informations auprès des équipes locales. J’inclurais même les athlètes dans ce processus avec qui on échange et avec qui nous sommes à l’écoute. Au global, il s’agit d’un très grand nombre de personnes qui donnent vie à ce type de projet. Si l’on parle du processus de conception, il peut s’agir d’environ cinq personnes impliquées à la fois dans les matériaux, les couleurs, la conception et l’innovation.
Les designs des tenues doivent-ils alors être validés par les clubs ou les nations ?
Lee Murphy : Bien sûr. Nous avons un processus dans lequel nous présentons un concept initial, nous prenons en compte cette validation et nous pouvons alors passer à la création d’un échantillon. À ce moment-là, nous utilisons plusieurs outils comme du 4D motion et du 3D Fit, de manière à obtenir un rendu assez précis à l’avance. Une fois que cet échantillon est partagé et validé par les clubs et fédérations, celui-ci devient l’exemplaire sur lequel on se base pour créer le produit final.
Charlotte Harris : J’ajouterai que le processus que nous avons mis en place pour ce Mondial s’est déroulé principalement pendant la pandémie, et que nous avons beaucoup travaillé sur des outils numériques. Nous avons créé moins d’échantillons pour parvenir à un ajustement et à un rendu parfait que nous avons pu ensuite partager avec nos fédérations, ce qui a été un processus un peu nouveau pour nous. Il s’agit donc d’aborder la durabilité sous tous les angles.
Combien de temps dure la création d’un maillot entre la réflexion et le développement ?
Angelo Trofa : En ce qui concerne les maillots des nations pour la Coupe du Monde, nous commençons traditionnellement notre travail lorsque la dernière édition se termine. Pour ce qui est de la conception, je dirais que cette étape dure entre neuf et douze mois au total.
Lee Murphy : Oui, cela comporte aussi les interactions avec les fédérations, la prise en compte des retours et parfois il y a des choses du point de vue de la fabrication qui peuvent nécessiter une mise au point. Nous laissons généralement un an à ce processus pour qu’il se déroule.
Charlotte Harris : Au total, ce cycle dure donc traditionnellement trois ou quatre ans, depuis les premières données conceptuelles et l’innovation jusqu’à la création finale.
Y a-t-il une ou plusieurs personnes en charge de la conception des maillots des équipes féminines ?
Lee Murphy : Concernant la conception, nous avons généralement l’habitude d’avoir un designer qui travaille sur chaque produit et qui réalise par ailleurs la collection complète. Tenues de match, maillots prématch, pièces lifestyle… Nous avons donc un designer qui travaille de la tête aux pieds sur ces collections.
Charlotte Harris : Cette année, nous avions également une équipe de femmes dans l’espace d’innovation qui travaillait sur les conceptions. Il s’agit donc bien d’un ensemble de concepteurs et de femmes spécialisées dans la création de ces produits.
Comment faites vous pour vous renouvelez continuellement et créer des maillots au style unique ?
Angelo Trofa : Je dirais qu’il s’agit avant tout de raconter une histoire, un nouveau storytelling. C’est ce que nous essayons de faire. Pour les maillots de l’Équipe de France féminine pour lequel j’ai travaillé, il s’agissait vraiment d’essayer de trouver une histoire unique que nous pourrions raconter et qui serait spécifique eux Bleues. Et pour ce faire, nous avons vraiment étudié les origines de l’équipe nationale féminine française avant même qu’elle ne soit une fédération officielle.
C’est l’histoire que nous voulions raconter pour les maillots de l’Équipe de France féminine, ce qui a donné lieu à la couleur unique du maillot domicile. Il s’agit donc d’un processus qui commence toujours par la recherche.
Parfois, il faut un peu se considérer comme historien et essayer de se familiariser avec l’histoire, la fédération elle-même.
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Quelle a été votre inspiration concernant le maillot des Bleues ?
Angelo Trofa : Comme je l’ai mentionné plus tôt, nous avons étudié la genèse de l’équipe nationale féminine et ses débuts. À l’origine, il s’agissait presque de sélections régionales qui se réunissaient et se rendaient principalement en Angleterre pour représenter la France. Elles ont été présentées comme la toute première équipe nationale française.
En nous penchant sur l’histoire de cette équipe, nous avons découvert qu’elle portait des maillots d’un bleu plus clair et parfois même violet. Cela nous a donné l’impression qu’il s’agissait de quelque chose de très spécifique pour l’équipe féminine, pour la France, quelque chose d’unique et sur lequel nous pouvions nous appuyer. C’est donc la caractéristique principale et l’histoire que nous racontons pour ce maillot domicile.
Constatez-vous une évolution de la demande et les ventes des maillots féminins au cours des dernières années ou des derniers mois ?
Charlotte Harris : Il est certain que l’intérêt pour le football féminin s’est accru ces dernières années en particulier lors des grands événements comme l’Euro ou la Coupe du Monde. Cela suscite beaucoup d’enthousiasme, en particulier chez les jeunes femmes. C’est pourquoi, à l’approche de ce Mondial, nous avons mis en place notre plus grande collection de vêtements de supporters, où les hommes, les femmes et les enfants peuvent acheter des pièces pour être des supporters et défendre le football féminin.
Il est très important pour nous de continuer à développer notre présence dans le football féminin et de nous assurer que nous la servons de la bonne manière.
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