Interview

Basile ‘Stadito’ Brigandet : “Le maillot de foot est un objet de transmission”

Publié le 01/11/2021 Mis à jour le 29/10/2021

Connu sur YouTube sous le nom de Stadito, Basile Brigandet écume les stades européens pour y tourner des reportages. Aujourd’hui, il s’arrête dans l'enceinte du footpack FC pour parler de sa passion et bien sûr de maillots de foot.

“Je ne vais pas acheter un maillot à chaque déplacement, car si je le fais je vais doubler mon budget”. On comprend pourquoi. De la Veltins-Arena de Schalke 04 au Philipps Stadion du PSV Eindhoven en passant par le Stade de l’armée bulgare de Sofia, Basile Brigandet, aka Stadito, enchaîne les kilomètres et surtout les stades. Pour footpack, le jeune YouTuber revient sur ses passions : le groundhopping (voyager pour découvrir des stades) et surtout l’ESTAC dont il collectionne les maillots depuis qu’il est gamin. Rencontre.

Est-ce que tu te rappelles de ce que tu faisais le 7 avril 2019 ? 

Le 7 avril 2019 (il réfléchit). Précisément, comme ça, non. 

Tu publiais ta première vidéo YouTube, un déplacement à Amiens. Deux ans plus tard, tu en as tourné plus d’une centaine. Est-ce tu t’attendais à en réaliser autant ? 

Totalement pas. Cette vidéo n’avait pas pour objectif de lancer ma chaîne YouTube. Au départ elle était destinée à Twitter. J’avais déjà une chaîne YouTube qui existait et j’en ai donc profité pour la publier aussi sur cette plateforme. J’ai eu la chance d’avoir beaucoup de retours dessus et comme je suis énormément allé au stade en 2019, j’ai donc continué.  

Qu’est-ce qui t’a donné envie de pratiquer le groundhopping ? 

La proximité avec les pays quand je suis arrivé à Lille en 2018. J’ai découvert le Nord quand j’étais en alternance. Il y a tellement de clubs sympas là-bas. J’allais voir des matchs à 10 km de chez moi, puis, 20, 30, 40, 50… Je ne connaissais pas le terme groundhopping avant même de commencer mes vidéos. Même si j’en faisais entre guillemets quand j’allais en vacances en famille. Dès qu’il y avait un match de foot quelque part, on y allait. J’ai pu me rendre à la Mosson, au stade du Ray de Nice ou encore au Vélodrome. Ce terme se développe, mais encore peu de personnes le connaissent. 

“La montée des marches, c’est quelque chose de symbolique quand tu découvres un stade 

De tous tes déplacements, quel est celui qui t’a le plus marqué ? 

Il y a une journée assez simple que j’ai beaucoup aimé. C’était il y a deux ans, un match au Borussia Park de Mönchengladbach. J’y suis allé avec une quinzaine de Français. J’avais organisé le voyage sur Twitter, j’étais chargé de réserver les billets pour tout le monde. Le temps était merveilleux, le public parfait, une fan expérience qui est pour moi proche de la perfection. Il y a eu du spectacle sur le terrain avec la victoire du Borussia 4-2 contre l’Eintracht Frankfurt. Cette aventure est restée gravée dans ma tête. Et c’est drôle de voir que certains autres grounddhoppers mettent aussi leur passage à Mönchengladbach dans leurs meilleurs souvenirs. 

Comment organises-tu tes voyages ? 

Avant le covid-19, mon planning se faisait trois mois à l’avance. Maintenant, c’est plutôt un mois et demi. Je m’organise tout seul grâce à des comparateurs de vols et des plateformes comme Airbnb. Réserver des vacances pour ma copine et moi ce n’était pas mon habitude. Maintenant, j’organise un voyage toutes les semaines. C’est devenu une routine. L’étape clef, c’est d’acheter le ticket de match en premier pour conditionner le voyage. 

Financièrement, comment parviens-tu à réaliser tous ces déplacements ? 

Au tout début, j’étais en alternance, donc mon salaire m’aidait à supporter les coups. J’étais appuyé par mes parents pour la partie vie privée. Je me suis fixé deux années pour pérenniser mon activité. Aujourd’hui, j’arrive à l’équilibre. Il y a beaucoup de travail sur les vidéos. L’argent de YouTube me permet de couvrir certains frais. Après je peux aussi être aidé par des sponsors, mais ça n’arrive pas souvent. Je voyage vraiment pour des coups minimes. On peut faire de belles choses pour pas cher. Cet été par exemple, j’ai fait un summer trip. On est parti douze jours, visité quatre pays et vu six matchs de foot pour 550 euros (ndlr : avion, hébergement et ticket de match). Ça demande de l’organisation. Mes potes sont bien contents quand ils voyagent avec moi.  

Une fois au stade, c’est quoi la première chose que tu fais ? 

La montée des marches. J’aime beaucoup accéder directement à la tribune. C’est quelque chose de symbolique quand tu découvres un stade. Quand j’étais gamin, tous les vendredis j’allais voir l’ESTAC avec mon père et ma sœur.  Le moment où je montais les marches pour voir la pelouse, c’était toujours un moment symbolique. 

“J’aime quand les boutiques des clubs proposent des maillots vintage.”

Quelle montée des marches t’a le plus marqué ? 

Celle du Panionios GSS. Avec un pote, on est allé à Athènes pour voir le match contre l’OFI Crète. On se retrouve à passer la sécurité, puis on arrive dans une petite ruelle qui mène au stade. Tous les lampadaires étaient cassés, c’était sombre. On se regarde et se disant “wow c’est malsain ici”. On continue d’avancer sans savoir ce qui pouvait se passer puis on rentre dans le stade. Il y avait des tags partout. La montée des marches était magnifique. Elle donne sur une tribune qui est toute cassée avec une vue sur un terrain à la grecque dans un quartier d’Athènes. Original.
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Le Stade Néa Smýrni du Panionios GSS

Lors de tes excursions, en profites-tu aussi pour visiter les boutiques ? 

Partout où je vais, je fais le tour des boutiques. J’aime quand elles proposent des maillots vintage. Ils ont une vraie valeur, ils rassemblent tout le monde. Le père va pouvoir se rappeler de tel maillot et en parler à son fils. Le maillot de foot est un objet de transmission. C’est quelque chose d’unique qui se porte sur une saison. Il rappelle des moments en particulier. Par contre, je ne vais pas acheter un maillot à chaque déplacement, car si je le fais je vais doubler mon budget. J’aimerai quand même bien pouvoir le réaliser un jour. 

Dans quel pays la culture maillot est-elle la plus forte ? 

J’ai ressenti un très gros attachement en Espagne. Pour moi, c’est le pays de la transmission familiale. Avant un match à Gérone, j’étais au café et il y avait quatre générations au tour de moi. L’arrière-grand-père, le grand-père, le père et le fils. Chacun avait un maillot d’une époque différente. 

En France, comment est-elle ? 

En France, ça dépend des lieux dans lesquels tu vas. Il y a vraiment des endroits qui sont marqués par les couleurs des clubs, notamment ceux qui ont une histoire avec leur ville ou avec leur bassin régional. Comme par exemple le côté patriote en Bretagne ou le côté minier dans le Nord. J’ai eu la chance de pouvoir assister à beaucoup de matchs de Lens. Au stade Bollaert, porter des couleurs sang et or c’est un rituel. Je n’y ai pas manqué, chez moi j’ai quelque chose en sang et or.

 

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Portes-tu des maillots quand tu vas au stade ? 

Je ne porte pas de maillot car c’est un élément de supporter. Je ne m’estime pas supporter d’une équipe quand je vais voir un club pour la première ou la deuxième fois. Le seul club que je supporte c’est l’ESTAC. Quand je tourne et que je découvre un endroit, ça m’arrive qu’on me propose de porter le maillot du club. Comme je trouve que le maillot a une attache particulière pour les supporters, par souci de neutralité, je n’ai pas envie qu’on me prenne en photo avec un maillot de tel ou tel club. Ça peut être mal vu.

Un jour sur Twitter tu as eu une demande particulière. Tu voulais trouver le maillot third de l’ESTAC de la saison 2017/2018. L’as-tu finalement trouvé ? 

Non (rire). J’ai essayé de rafraichir ma collection de maillots de l’ESTAC pendant les confinements. Mes dépenses groundhopping étaient moindres, donc j’en ai profité pour refaire ma collection. Je cours après deux maillots de Troyes. Celui-là et le maillot de champion de Ligue 2 de 2015 édité en 100 exemplaires. À l’époque je passais mon bac, je n’avais pas forcément les moyens de l’acheter. Je regrette énormément. 

« Je suis plutôt déçu de ce que propose Le Coq Sportif dans le global. On a juste les mêmes templates que l’AS Saint-Étienne »

C’est compliqué à trouver des maillots de l’ESTAC on dirait. 

Je n’ai pas la chance de suivre un club qui a énormément de supporters, il y a donc peu de maillots qui transitent contrairement à Lens par exemple. Moi à Troyes, la page Vinted elle ne se rafraichit pas comme ça. Il faut attendre des mois et des mois. J’essaye d’obtenir les maillots qui ont été portés dans la période où j’allais au stade. Ça me permet de me rappeler de certains joueurs.

Tu les collectionnes depuis combien de temps ? 

Depuis que je suis gamin. Je n’allais pas les acheter tous les ans, car un maillot coûte extrêmement cher. Si on achète deux maillots on peut avoir un abonnement pour aller au stade. J’attendais donc la fin de la saison pour faire des économies avec le destockage organisé par le club.

Quelle est ta pièce la plus rare ? 

Un maillot porté par Christian Nadé en 2004. Il est assez lourd et épais, un maillot d’avant quoi. Je l’ai récupéré pendant le deuxième confinement. J’ai aussi un maillot de la dernière saison de Benjamin Nivet qu’il a dédicacé. Je l’ai gagné dans un jeu concours.

 

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T’en penses quoi du maillot de Troyes de cette saison ? 

Je suis plutôt déçu de ce que propose Le Coq Sportif dans le global. On a juste les mêmes templates que l’AS Saint-Étienne. C’est dommage. Ça fait trois saisons que c’est comme ça, c’est un peu regrettable. Par contre, j’aime beaucoup la texture du maillot. Depuis que je suis gamin, je suis allergique au synthétique des maillots (rire). Pour porter un maillot, il faut que j’aie un sous maillot pour ne pas faire une réaction allergique. Avec les maillots en coton du Coq Sportif, je peux jouer un five sans souci. Merci Le Coq Sportif pour ça (rire). 

Pour toi, quel serait le maillot parfait de l’ESTAC ? 

Un simple maillot bleu avec un template unique, histoire de ne pas découvrir notre maillot au moment où Saint-Etienne dévoile le sien. La présentation du maillot, c’était un moment que j’attendais avec impatience. Maintenant je l’attends plus, je regarde Saint-Étienne qui dévoile le sien deux semaines avant et j’ai déjà compris. Sinon, j’ai cette envie de garder notre écusson, c’est la priorité actuelle. Avec l’arrivée du City Football Group à Troyes, je sais qu’on va déraper très prochainement. Si on regarde le maillot third, on s’aperçoit que le logo n’est plus celui de l’ESTAC. Il y a un blason spécial pour le third. Il ressemble à celui de Manchester City. Je sens que c’est une façon de nous faire comprendre que le logo va changer. Et je n’en ai pas envie.
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Les maillots de l’ESTAC de la saison 2021-2022

1 commentaire

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David

Publié le 1 novembre 2021 à 17 h 22 min

Superbe reportage ! Un GRAND BRAVO à Basile pour sa passion et souhaits sincères de réussites pour tous ses projets !
Oui effectivement il est important de « mettre en lumière » tous les passionnés comme nous tous et toutes du ballon rond ! Et notamment des maillots de Foot ! Beaucoup (les maillots) ont une importance particulière pour chacun de nous ! BRAVO pour le reportage Pierre-Alain !!

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